À l’occasion du mois de l'Économie Sociale et Solidaire, on a le plaisir de présenter quelques-uns de nos partenaires engagés… qui méritent d'être davantage connus !

Précédemment, nous vous présentions UpCycle et leurs composteurs électromécaniques, l'initiative OUAAA! qui cartographie les structures engagées du territoire de l’Aunis ainsi que la coopérative d’utilité sociale et environnementale les Ateliers du Bocage.

Aujourd'hui, nous mettons à l'honneur Secoya grâce à notre échange avec Anne-Thaïse 🥰

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Crédit photo : Secoya

Trizzy : Bonjour Anne-Thaïse, nous sommes très heureux de pouvoir échanger avec toi sur Secoya ! Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Anne-Thaïse : Bonjour ! Je m’appelle Anne-Thaïse Foucard et je suis arrivée chez Secoya en février 2022. Auparavant, j’ai été plus de 15 ans régisseuse sur des tournages audiovisuels. J’ai donc cette expérience de terrain qui me permet de gérer tous les niveaux de la logistique sur un tournage, tant sur les plans des décors et des moyens techniques que de l’équipe et des transports.

Aujourd’hui, je mets toute mon expérience et mes compétences au service de Secoya pour aider les productions audiovisuelles à être davantage éco-responsables !

Trizzy : En quoi consiste Secoya ?

Anne-Thaïse : Secoya est une société de conseil qui intervient auprès de sociétés de production pour les aider à mettre en place une démarche RSE adaptée à l'audiovisuel grâce à des outils digitaux et humains. Nous prenons en compte la globalité d’un projet de production, de son écriture jusqu’à sa diffusion. Pour cela, nous nous basons sur différents piliers pour les aider dans leur transition :

  1. L’utilisation de nos outils digitaux : le Seco2 et le Secoset
    Notre premier levier consiste à utiliser ces deux outils qui ont été développés par Secoya. Les productions vont pouvoir s’aider du Seco2 qui est gratuit pour estimer leur empreinte carbone. Elles peuvent ensuite utiliser le Secoset tout au long de leur période de tournage pour guider leur démarche de transition écologique et sociétale.

  2. L’utilisation de l’intelligence collective
    Nous nous aidons énormément du pilier de l’intelligence collective pour faire émerger des idées autour de la thématique de l’audiovisuel responsable. Nous participons activement à des tables rondes, des festivals... Nous intervenons également lors de formations ou de master class pour partager nos compétences avec les futurs acteurs du secteur.

Trizzy : Comment est né le projet Secoya ?

Anne-Thaïse : Secoya a été fondé il y a bientôt cinq ans par Charles Gachet-Dieuzeide et Mathieu Delahousse. Tout comme moi, ils étaient régisseurs sur des plateaux de tournage avant de fonder Secoya. Le projet Secoya est né suite à la diffusion du film “Demain” de Cyril Dion. Ils ont eu une prise de conscience et ont eu l’envie de donner plus d'impact à ce qu’ils faisaient, de faire "leur part".

Au début, ils instauraient des pratiques éco-responsables sur les tournages sur lesquels ils étaient encore régisseurs. Ils proposaient des toutes simples actions comme l’utilisation de gobelets réutilisables, des gourdes ou encore des poubelles de tri ! Depuis, ils ont complètement arrêté la partie régie de leur métier pour se consacrer entièrement au projet de Secoya.

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Crédit photo : Secoya

Trizzy : Quel est l’impact de l'audiovisiel sur l’environnement ? As-tu quelques chiffres ?

Anne-Thaïse : Je ne connais pas les chiffres précis par coeur, mais dans le cadre du Plan de la Transformation de l’Économie Française, The Shift Project a publié une étude qui se nomme “Décarbonnons la culture !” en début d’année. Il y a un chapitre sur le cinéma avec des informations et des chiffres clés très intéressants à connaître.

À côté de cela, je sais que le plus grand secteur émissif dans l’audiovisuel est le transport. Chez Secoya, nous essayons d’avoir de l’impact sur le projet audiovisuel en lui-même c’est-à-dire sur la production du film. Plus le projet doit être tourné loin ou engage une équipe qui vient des quatre coins du monde, plus la production émettra des gaz à effet de serre.

Le plus gros enjeu est ainsi de savoir où le film va être tourné et avec quelle équipe pour essayer d’être le plus local possible ! Par exemple, si la production doit se faire en Afrique du Sud, il serait intéressant de prendre des techniciens et du matériel directement sur place. Il faut rationaliser le poste des transports au maximum car on sait que l’utilisation de l’avion est vite rédhibitoire !

Trizzy : Autre que le secteur des transports, y-a-t-il d'autres domaines qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre ?

Anne-Thaïse : Le secteur de l’énergie est également un secteur qui a beaucoup d’impact dans l’audiovisuel. Nous nous questionnons sur l’alimentation énergétique sur un lieu de tournage. Nous essayons par exemple d’éviter les groupes électrogène à énergie fossile pour se tourner vers d’autres alternatives : par exemple, l’utilisation de batteries alimentées par des panneaux solaires ou encore avec des branchements provisoires effectués sur le réseau Enedis.

Que ce soit pour les transports ou pour l’énergie, nous avançons toujours dans une logique de sobriété. Nous analysons et quantifions les besoins des productions pour proposer les solutions les plus propres possibles.

Trizzy : Dans quels types de projets Secoya participe-t-il ?

Anne-Thaïse : Nous sommes impliqués dans plusieurs projets à différentes échelles. Nous essayons constamment de nous améliorer et d'appliquer les retours de terrain sur les projets suivants. On va aussi intervenir sur des projets qui vont être pilotes et pionniers dans des engagements de plus en plus forts pour la transition écologique et sociétale de notre secteur.

Nous avons également des projets de démarche globale avec de grands groupes (plateformes, agence de publicité...), qui vont solliciter leurs partenaires pour voir comment ils pourraient adopter une démarche plus responsable sur l’ensemble de leur production.

Trizzy : Peux-tu nous citer un projet sur lequel vous travaillez en ce moment ?

Anne-Thaïse : Actuellement, Secoya est sur un projet très ambitieux avec la société de production Bonne Pioche Productions. Nous avons un lien particulier avec cette société car Mathieu y était régisseur il y a quelques années ! Avec cette production, nous sommes en train de travailler sur la prochaine réalisation de Nicolas Vanier qui se nomme “C’est le monde à l’envers”.

À travers ce tournage, nous menons des actions positives et écologiques. Nous voulons que le tournage adopte une démarche sobre et la moins emissive en GES possible aussi bien pour l’alimentation électrique que pour le type de transport que l’on va utiliser. Secoya s’occupe du projet dans sa globalité où nous souhaitons adopter une démarche cohérente du début jusqu’à la fin du projet.

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Crédit photo : Gaumont

Trizzy : As-tu des exemples d’actions concrètes que vous avez déjà mené pour ce projet ?

Anne-Thaïse : De nombreuses actions ont été mises en place sur ce tournage notamment sur le volet de la mobilité. Nous avons eu comme ambition d’avoir une flotte de véhicules électriques pour diminuer les émissions liées au transport. Seulement, nous avions une grosse problématique : comment recharger ces véhicules ? Le tournage se déroulant dans une région assez isolée de France, nous n’avions pas de bornes de recharges proches de nous.

Après plusieurs échanges, nous avons réussi à trouver une solution assez innovante ! Nous avons réussi à faire venir sur le lieu de tournage une remorque qui a été créée initialement pour le tour de France. Elle permet de recharger les véhicules électriques du tour de France dans les petits villages tels que celui où se déroulait le tournage de Nicolas Vanier ! Donc nous avons réussi à récupérer cette remorque pour l’installer sur le tournage !

Trizzy : C'est génial ! Tu as dû être fière de cet aboutissement ?

Anne-Thaïse : C’était vraiment extraordinaire de réussir à mettre en place un tel dispositif. C’est encourageant de voir qu'une production comme celle-ci ait confiance en Secoya et qu’elle investisse pour des solutions plus durables. Ce projet de mobilité a été réalisé sur la première partie du tournage du film car la production se déroule en deux temps. La seconde partie sera tournée au printemps/été 2023.

Cette première partie nous a vraiment servi pour voir ce qui allait fonctionner et ce qui allait moins bien marcher. On se donnait le droit à l’erreur mais finalement la quasi-totalité des actions menées ont été une réussite donc c’est super encourageant. C’est très valorisant personnellement aussi de se dire que j’ai réussi à mettre en place des solutions utiles, écologiques et pertinentes !

Trizzy : On espère que la seconde partie du tournage sera tout autant réussie ! Précédemment, tu nous parlais d’outils digitaux développés par Secoya comme le Secoset. Peux-tu nous en dire plus sur ce dispositif ?

Anne-Thaïse : L’outil Secoset regroupe en un dispositif toute notre expertise et tous nos retours de terrain. Il s'articule autour de dix thématiques qui permettent de créer une démarche globale et cohérente sur un tournage. Chaque thème va être imbriqué et lié à un autre. En effet, nous ne pouvons pas agir sur l’alimentation sans considérer l’aspect des déchets par exemple.

Le Secoset permet d’appliquer les principes de la RSE dans le monde de l’audiovisuel. Il faut d'un côté mettre en place des actions pour le respect de l'environnement, et aussi agir pour des conditions de travail les plus justes et agréables pour les salariés. L'un ne va pas sans l'autre.

Par exemple, il ne suffit pas d’apporter des solutions de tri si les personnes sur le plateau de tournage se mettent en danger quand elles vont jeter leurs déchets, car elles travaillent depuis 4h du matin. Ça n'aurait plus aucun sens ! Nous voulons créer une vraie synergie entre nos solutions.

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Les dix thématiques du Secoset - Crédit photo : Secoya

Trizzy : L'utilisation du Secoset est-il valorisé pour les sociétés de productions ?

Anne-Thaïse : Le Secoset est un outil de pilotage en ligne. Pour crédibiliser ce dispositif, Secoya a créé le label de “production responsable” qui va être décerné aux productions qui ont rempli et validé la totalité du Secoset. En effet, si une production remplit les 20 critères de l’outil digital, elle est alors labellisée production responsable. C’est une distinction positive qui permet d’évaluer les actions écologiques et sociétales mises en place sur un tournage.

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Label Production Responsable - crédit photo : Secoya

Trizzy : Parlons maintenant un peu plus de toi ! Tu es donc éco-manageuse, peux-tu nous décrire ce que c'est ?

Anne-Thaïse : Pas évident, c'est un tout nouveau métier et il évolue en même temps que les besoins du secteur et solutions apportées par Secoya ! Du coup, j’ai tendance à dire que je travaille chez Secoya, que je suis une branche de ce grand arbre !

Trizzy : C'est une jolie métaphore ! Quel est ton quotidien en tant qu'éco-manageuse ?

Chez Secoya, je suis un peu un couteau suisse ! Comme je disais précédemment, prendre en considération la responsabilité environnementale et sociale dans le secteur de l’audiovisuel est tout nouveau. Je vais notamment m’occuper de former les éco-référents qui sont présents sur les plateaux de tournage. C’est un tout nouveau poste donc je suis là pour leur expliquer leurs missions, leur rôle sur le tournage ou encore comment fonctionnent le Seco2 et le Secoset.

Une fois que l’éco-référent est sur le tournage, je vais mettre à sa disposition tout un tas de ressources et d’outils qui lui permettront de travailler dans de bonnes conditions. Par la suite, je m’occupe de regarder et valider les pièces que l’éco-référent dépose dans le Secoset. Nous validons ensemble les critères responsables de la production, pour qu’on puisse labelliser le projet comme production responsable !

Enfin, je me rends souvent dans des salons, des tables rondes ou encore dans des master class pour solliciter l’intelligence collective et essayer de développer une RSE adaptée à l’audiovisuel. Je recherche de nouvelles solutions et je regarde ce qui se fait dans d’autres secteurs pour créer des synergies avec notre domaine. Nous croyons beaucoup à ce principe d’intelligence collective où l’union fait la force !

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Crédit photo : Secoya

Trizzy : Est-ce que faire partie d'une structure aux valeurs écologiques fortes était un critère primordial pour toi ?

Anne-Thaïse : Avant d’arriver chez Secoya, j’étais en quête personnelle de transitionner vers un métier qui avait plus d’impact. Et c’est vrai que le domaine de la RSE m’intéressait particulièrement, j’avais une forte envie de mettre les valeurs de la RSE au profit de mon métier !

Étant donné mon expérience professionnelle précédente, la transition vers Secoya s’est faite naturellement. J’ai pu être opérationnelle quasiment dès mon arrivée. Secoya est comme ma deuxième maison ! J’ai l’impression d’y être depuis beaucoup plus longtemps que le début de l’année.

Trizzy : As-tu eu un déclic pour avoir cette conscience plus responsable et écologique ? Si oui, lequel ?

Anne-Thaïse : Cette conscience écologique a d’abord été personnelle. Elle a émergé en moi dès la naissance de mon second enfant en 2017. Le fait de devenir mère m’a fait réfléchir à plusieurs problématiques.

Puis, lors du premier confinement en 2020, je me suis vraiment questionnée sur le sens de mes actes. Tout d’abord, j'ai fait pas mal de changements dans ma vie personnelle puis j’ai eu naturellement envie de changer de voie professionnelle. L’aboutissement de ma transition est d’être aujourd’hui chez Secoya !

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Crédit photo : Secoya

Trizzy : Avant de terminer, peux-tu nous partager une initiative qui t’inspire ?

Anne-Thaïse : Très bonne question ! J’aime beaucoup les initiatives qui sont liées à l’alimentation sur les lieux de tournages. J’apprécie les productions qui font appel à des traiteurs engagés qui vont favoriser des produits de saison en circuit court ou encore avec des options végétariennes vraiment appétentes ! C’est une manière super inspirante et engageante de faire passer des messages positifs par l'assiette.

J’encourage vraiment les productions à utiliser des vins bio et faits en biodynamie par exemple ou alors à solliciter des fournisseurs comme La Fourche qui permettent d’avoir accès à des produits bio et en vrac à des prix vraiment accessibles !

Trizzy : Enfin, quel conseil donnerais-tu à quelqu'un qui commence sa transition écologique ?

Anne-Thaïse : Je dirais que c’est en tombant qu’on apprend à marcher ! Il faut se lancer et ne pas avoir peur. On a le droit de faire des erreurs et de se tromper mais le plus important est de faire le premier pas et d’essayer. Nous ne sommes pas parfaits donc nous aurons toujours des choses à nous reprocher mais le plus important c’est de se lancer et de se faire plaisir évidemment !

Trizzy : Merci beaucoup Anne-Thaïse pour nous avoir dévoilé un peu de vos backstages !

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